Comment attacher les appelants
Source Le chasseur de Petit
Gibier
Les plans de pique des formes (ou blettes) sont étroitement liés à ceux des appelants, d'où la nécessité d'envisager la pose des oiseaux et les différentes techniques existantes avant
d’en venir 'à l'attache proprement dite.
Parmi
les techniques souvent utilisées figure le va-et-vient, une méthode idéale pour
les huttiers chassant sur un clair dont la profondeur interdit les déplacements
à la botte.
Dans
cette circonstance, les pattières individuelles sont reliées à une corde
coulissant, grâce à des poulies, autour de trois piquets. Le premier, appelé
piquet d'à pied, est planté à proximité de la hutte, et forme une ligne droite
avec le second (piquet de tête) implanté en pleine eau, à une distance de la
hutte variant de 15 à 25 mètres. Enfin, un troisième piquet, dit piquet de
retour, assure le mouvement de va-et-vient; il est placé à droite de la ligne
formée par les deux premiers.
Cette
technique offre d'abord l'avantage d'assurer un attelage toujours parfaitement
en ligne. Au surplus, elle permet d'attacher du bord de la mare, ou même,
pourvu que l'on ait prévu un créneau de dimensions adéquates, de l'intérieur de
la hutte. Il est évident que l'on doit prendre soin, lors de l'installation, de
faire passer la ligne d'attelage par le milieu d'un créneau, ceci pour ménager
le champ de tir.
Quelles
que soient les vertus du va-et-vient, cette technique ne semble pas toujours
adaptée en raison des difficultés qu'elle engendre par temps de glace (les
cordes gelées n'ont plus aucun mouvement de va-et-vient et l'attelage devient
impossible) et surtout en raison de son manque de souplesse. Il n'est ici plus
possible de varier les combinaisons. L’attache reste toujours semblable.
Pour les espèces gibier, l’attache « patte d’oie » permet de leur éviter de se blesser et de se détacher.
L’attache
au poids fait en quelque sorte la transition avec l'attache à la palette (ou
pique). Elle permet toutes les combinaisons souhaitables et peut être utilisée
aussi bien sur des plans d'eau de faible profondeur que sur des mares
profondes. Dans ce second cas il faut disposer d'une embarcation. Il suffit de
tenir compte de la profondeur du blanc pour régler la longueur de la pattière.
Avec
ce procédé, le canard est attaché (par l'intermédiaire de la bague) à un poids,
dont la nature est éminemment variable : morceaux de ferraille, blocs de
béton... Il est facile de fabriquer des poids bon marché et très efficaces en
remplissant de béton de vieille boîtes de conserves; pour fixation, on prévoira
un gros fil de fer ressortant en fer à cheval. Dans tous les cas, il faut
ménager un lest suffisant, qui ne saurait être inférieur au kilogramme, et qui
sera d'autant plus lourd que le fond du blanc est dur. Dans cette situation, en
effet, on perd le bénéfice de l'effet de ventouse qui est ordinairement produit
par les fonds meubles ou vaseux.
Attache à la palette. Le plateau permet à l’appelant de se reposer.
L’attache
à la palette semble être l'une des mieux adaptées aux plans d'eau de faible
profondeur (de 20 à 80 cm). Le système se compose, outre la pattière, de deux
éléments : la plaquette et la palette.
La
plaquette est une petite pièce de bois à laquelle est reliée la pattière. Les
dimensions optimales semblent être de 12 x 7 cm, l'épaisseur du bois
(contreplaqué marine de préférence) pouvant varier de 15 à 25 millimètres.
Deux
ouvertures sont pratiquées dans cette pièce, à chaque extrémité : l'une, très
petite, pour laquelle la pattière sera attachée et l'autre, d'un diamètre de 3
cm environ, dans laquelle passera la palette. Il est important de respecter les
dimensions de cette dernière ouverture, car c'est grâce à elle que l'appelant
aura toute liberté pour des mouvements de rotation autour de la palette. Dan ce
même but, il est bon d'arrondir les angle de la plaquette pour diminuer la
résistance de l'eau aux mouvements du canard. Cette pièce sera de préférence
peinte en vert, pour des raisons évidentes de discrétion.
On
aura soin, lors de la fabrication, de percer ce support métallique, de façon à
pouvoir le recouvrir d'une pièce de bois qui, par temps froid, protège les
pattes des appelant de la morsure de la tôle glacée.
La
longueur du support dépend évidemment de la profondeur du plan d'eau. Elle va
en moyenne, de 60 cm à 1 mètre.
Lors
de la pique, on fait passer la tige de la palette par la plus grande ouverture
de la plaquette, et on enfonce l'ensemble dans le sol jusqu'à ce que l'eau
vienne effleurer le dessus du reposoir.
C'est
un gros avantage de la palette que de permettre ainsi aux appelants de se
reposer, et il est d'autant plus appréciable que le conditions météorologiques
sont difficile (gel, tempête) ou que l'on chasse fréquemment avec un même jeu
d'appelants.
Ce
système est également remarquable par sa grande souplesse d'utilisation. Il
comporte toutefois un inconvénient qui est d'augmenter les risques de voir les
appelants s'emmêler en bloquant leur pattière autour de la palette. Bien
souvent, les oiseaux, en essayant de monter sur le reposoir, immobilisent leur
plaquette et enroulent ensuite leur pattière. Aussi, certains huttiers
n'ont-ils pas hésité à supprimer le reposoir, la palette se terminant par un
simple angle droit destiné à empêcher les fuites.
On
peut néanmoins remédier à cet état de fait en laissant un espace suffisant (5
cm environ) entre la surface de l'eau et le dessous du reposoir; c'est un
procédé auquel il faut également avoir recours systématiquement lorsque le
blanc est envahi par la végétation, même immergée. L’ensemble étant peint en
couleur neutre reste discret et l'est certainement davantage qu'un appelant qui
tire au renard.
Une cage sur piquet est souvent utilisée en cas de mares rapprochées, mais elle possède aussi l’avantage de protéger les appelants des prédateurs.
Outre
ces trois techniques, de loin les plus classiques, certains huiliers ont
recours, parfois cumulativement, à des procédés plus particuliers destinés à
renforcer l'efficacité de leur attelage.
Certains
huttiers désirant conférer à leur attelage le plus de naturel possible, rompent
résolument avec les techniques d'attaches classiques en laissant leurs
appelants en liberté sur la mare. Dans certains cas encore, seuls quelques
oiseaux sont ainsi laissés libres et viennent compléter une attache plus
classique.
Ce procédé a naturellement pour principal avantage de rendre le plan d'eau très attractif et, en particulier, de déjouer la méfiance des hivernants habitués à des dispositions stéréotypées dont quelques mésaventures leur ont appris la signification.
Il
requiert l'utilisation d'oiseaux aisément identifiables, les méprises se
révélant très faciles. Des canards présentant des aberrations de plumage
(grands colliers ou bavettes blanches par exemple) sont très utiles à ce point
de vue. Il est également souhaitable que ces appelants soient très familiers et
bien dressés, l'idéal étant de pouvoir les rassembler d'un simple coup de sifflet.
Dans une telle situation, il faut bien entendu tirer les sauvages avant qu'ils
ne se mêlent aux appelants. Sinon gare aux erreurs et à la désillusion.
Dans
certaines régions, comme sur la Loire, en Camargue ou en baie des Veys
(Manche), de bons huttiers ont recours à une technique encore plus élaborée
consistant à lancer un appelant à la rencontre des vols de migrateurs
approchant du plan d'eau : le malonage. L’oiseau entraîne à sa suite les
sauvages lorsqu'il revient se poser, attiré par l'appel de ses congénères
captifs. Mais là ce n'est plus de l'attache au sens strict.
Attache en va et vient Attache à la palette
Texte
et photos Marc Dugrès